Critique Cinéma - Hunger Games : L'embrasement (Francis Lawrence)

Publié le 30 Novembre 2013

Crédits photo : © images tirées du film

Crédits photo : © images tirées du film

En 2012, Gary Ross avait réalisé Hunger Games, adaptation du premier tome de la série de Suzanne Collins désormais mondialement connue. Le film fût un immense succès commercial mais aussi critique, malgré quelques défauts (quelques longueurs et des mouvements de caméra à la limite du supportable). Ce triomphe s'explique en partie par le choix judicieux de Jennifer Lawrence pour incarner Katniss Everdeen. On avait donc une jeune actrice de talent interprétant un personnage charismatique profondément humaine et attachante. 
Ce mois-ci, plus d'un an et demi après la sortie du premier volet de ce qui sera une quadrilogie, sort Hunger Games : L'embrasement, avec un nouveau réalisateur à la barre. C'est en effet Francis Lawrence, réalisateur du très populaire Je suis une légende, qui reprend le flambeau. 

Critique Cinéma - Hunger Games : L'embrasement (Francis Lawrence)

Nous retrouvons Katniss et Peeta peu après la fin du premier volet. Ayant surmonté les jeux de la faim, ils doivent maintenant faire face à la tournée des vainqueurs qui s'annonce difficile au vu de l'agitation causée par l'épisode des baies empoisonnées. En effet, un sentiment de révolte s'élève dans les districts et le président de Panem, Snow, fera tout pour empêcher un nouveau soulèvement, quitte à renvoyer nos deux héros dans l'arène...

Sans langue de bois, le film est une totale réussite et m'a emballé du début à la fin. Cela faisait longtemps qu'une adaptation de roman pour adolescent ne m'avait pas autant satisfaite (pour ça il faudrait remonter au troisième Harry Potter). Bien sûr, elle n'est pas exempte de défauts mais en la prenant dans son ensemble, on se retrouve face à une oeuvre de qualité répondant parfaitement aux attentes du public ciblé.

Le film est globalement séparé en deux parties : une centrée sur l'évolution de l'intrigue et l'autre beaucoup plus axée sur l'action et les révélations.
La première partie, sans avoir l'ambition politique d'un Star Wars épisode I, permet néanmoins d'avoir une vision globale de Panem (plus seulement du District 12 et du Capitole), d'en déduire les enjeux et de réellement se rendre compte de l'ampleur qu'est en train de prendre la révolte des districts. Elle permet aussi d'approfondir des personnages qui étaient auparavant anecdotiques ou mal exploités. Je pense notamment à Primrose, la sœur de Katniss, et à Effie, l'hôtesse des tributs. Celle-ci est toujours aussi maniérée mais arrive à se détacher de cette image de poupée superficielle et même à devenir attachante. On fera également la connaissance de Plutarch Heavensbee, nouveau Haut Juge organisateur des jeux, interprété par le génial Philip Seymour Hoffman (vu récemment dans The Master). Ce dernier m'impressionnera toujours pour son charisme naturel, quelque soit son rôle. Et malgré un temps de présence à l'écran limité, il arrive à faire de son personnage quelqu'un de très mystérieux assez difficile à cerner.
Du côté des principaux, pas d'évolution spectaculaire, surtout chez Peeta (je le trouve quand même plus supportable que dans le premier). Par contre, le président Snow a bénéficié de quelques scènes marquantes qui illustrent bien un des thèmes du film : le totalitarisme. On a affaire à un véritable tyran prêt à toutes les formes de manipulation possibles pour étancher son insatiable soif de pouvoir. Ce contrôle passe bien-sûr par la télé-réalité, dont l'absurdité incarnée par Caesar (Stanley Tucci) est ouvertement critiquée.

La deuxième partie est focalisée sur les 75ème Hunger Games, un événement très spécial. Francis Lawrence, habitué de l'action (avec Je suis une légende ou Constantine), nous offre ici des scènes d'action moins brouillonnes que le premier grâce à l'utilisation de caméras sur pied. La nouvelle arène, à première vue assez similaire à la précédente, est en fait beaucoup plus complexe et très inventive. Elle permet de véritablement développer les interactions des personnages avec la nature et offre un challenge beaucoup plus corsé et surtout plus varié. On pourra enfin saluer une nette amélioration de la cohérence du jeu. En effet, dans le précédent opus, certains changements de règles en cours de route m'avaient grandement perturbé et fait sortir du film. Je pense par exemple aux boules de feu ou aux chiens mutés dont la présence ne s'expliquait que pour accélérer le jeu. Ici, tous les éléments sont légitimes et forment un tout parfaitement agencé.
Au-delà de l'action, on apprend à connaitre les nouveaux personnages Finnick, Johanna et dans une moindre mesure Beetee. Les deux premiers sont relativement bien traités, le film insiste bien sur leurs fortes personnalités mais aussi sur leurs côtés très humains. Beetee, quant à lui, n'est pas très fouillé malgré une certaine importance, ce qui est fort dommage vu le talent de l'acteur qui l'incarne (Jeffrey Wright, absolument génial dans la saison 4 de Boardwalk Empire).

Malgré mon enthousiasme certain, je pourrais reprocher deux choses au film. Tout d'abord, le triangle amoureux formé par Katniss, Peeta et Gale est à mon goût mal exploité et assez brouillon. Il prend énormément d'importance sans pour autant avoir d'enjeux clairement définis. De temps en temps, on nous montre quelques échanges de salive en gros plan et puis c'est tout. Ensuite, la fin, très bien amenée pendant le film, est quelque peu bâclée. Quelques plans à la place d'une ellipse et d'un court résumé n'auraient pas été de refus pour nous offrir un climax digne de ce nom.

Heureusement, ces défauts ne m'ont pas empêché de pleinement apprécier ce film qui apporte un vent de fraîcheur aux adaptations littéraires jeunesse (assez mal représentées au cinéma). Je vous conseille donc vivement d'aller voir cette suite, en tout point supérieure à sa préquelle, en étant plus sombre, plus rythmée et plus ambitieuse.

Rédigé par Ronan SAUVAGE

Publié dans #Critique cinéma

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