Critique Cinéma - Zulu (Jérôme Salle)

Publié le 8 Décembre 2013

Crédits photo : © images tirées du film

Crédits photo : © images tirées du film

N'ayant pas vu Anthony Zimmer, je ne pouvais juger la filmographie de Jérôme Salle que sur Largo Winch et sa suite. Il avait réussi à attirer mon attention grâce à un choix de casting assez "couillu". En effet, faire jouer le milliardaire aux yeux clairs de Van Hamme par Tomer Sisley, surtout connu à l'époque pour ses talents d'humoriste, était très osé. Cette volonté de prise de risque se retrouve dans Zulu, son dernier film, où il confie un des rôles principaux à Orlando Bloom, qu'on pensait définitivement enfermé dans les rôles de Will Turner (Pirates des Caraïbes) et Legolas (Le Seigneur des AnneauxLe Hobbit).

Critique Cinéma - Zulu (Jérôme Salle)

Dans une Afrique du Sud encore marquée par l'apartheid, Ali et Brian, deux policiers que tout oppose, enquêtent ensemble sur la mort violente d'une jeune fille. Leur investigation va peu à peu devenir plus complexe et les entraîner sur un chemin plus sombre mêlant disparitions d'enfants, drogues et politique.

Le duo présenté à l'écran est un reflet du contraste qui fait l'Afrique du Sud. D'un côté se trouve Ali, un zoulou et de l'autre Brian, un blanc fils de diplomate. Cette opposition se retrouve aussi dans leurs personnalités respectives. Le premier, ayant eu une enfance traumatisante, se donne corps et âme à son travail, à sa famille et ne s'accorde que peu de distractions. Le second, malgré ses qualités d'enquêteur, manque de sérieux. Sa vie de solitude et de débauche transparaît à travers les relations conflictuelles qu'il entretient avec son fils et son ex-femmes, son addiction à la boisson et au médicaments et enfin à travers les nombreuses conquêtes qu'il abandonne au petit matin. Cette dualité apporte un gros plus à l'intrigue en nous dévoilant deux points de vue et deux manières de procéder.

Dans un premier temps, j'ai eu du mal avec le personnage d'Orlando Bloom. Celui-ci faisait particulièrement cliché au tout début du film, notamment dans la relation difficile avec son fils. Au final, ces impressions négatives se sont effacées au cours de l'histoire tant on ressent son implication pour donner vie à son personnage. Par contre, rien à redire sur Forest Whitaker qui crève littéralement l'écran. Il dégage un charisme impressionnant et sa prestation toute en retenue nous fait bouillir de l'intérieur.

L'intrigue générale du film révèle son lot de surprises et de montée en puissance. En partant d'une chose aussi classique qu'un meurtre (dans le cadre du cinéma policier bien sûr), elle fait naviguer nos héros des quartiers les plus riches du Cap aux endroits les plus pauvres comme les bidonvilles de Khayelitsha et c'est dans ces derniers qu'elle prendra un second souffle par le biais d'un déferlement de violence. Ce lieu plein d'histoire qu'est l'Afrique du Sud permettra enfin d'aborder des thèmes politiques comme les conséquences de l'extrême pauvreté mais aussi plus spirituels comme la notion de pardon et la rédemption.

La bande-annonce du film donnait réellement envie et malgré un avis plus que mitigé sur Largo Winch, j'ai décidé de croire en la qualité du film, ce que j'ai eu raison de faire tant il a comblé mes attentes. Il n'est pas exemplaire certes, on pourrait lui reprocher un début confus et quelques facilités scénaristiques mais ce ne sont que peu de choses face à la passionnante et violente histoire racontée ainsi qu'à l'interprétation presque toujours juste d'Orlando Bloom et Forest Whitaker. Jérôme Salle signe là son meilleur film, éprouvant et captivant.

Rédigé par Ronan SAUVAGE

Publié dans #Critique cinéma

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