Critique Cinéma - Yves Saint Laurent (Jalil Lespert)

Publié le 4 Janvier 2014

Crédits photo : © images tirées du film

Crédits photo : © images tirées du film

Jalil Lespert, acteur passé à la réalisation s'attaque pour son troisième film à une icône de la mode française : le grand Yves Saint Laurent. Ce projet ambitieux s'annonçait intéressant car paradoxalement, l'histoire personnelle de ce génie est encore très secrète. Pour cela, il s'est entouré de deux acteurs de la Comédie Française, Guillaume Gallienne et Pierre Niney, ainsi que de Charlotte Le Bon, Laura Smet et Marie de Villepin. Il a également obtenu le soutien du véritable Pierre Bergé et de sa fondation. Le film sera présenté en ouverture de la section Panorama du Festival de Berlin 2014.

Critique Cinéma - Yves Saint Laurent (Jalil Lespert)

En 1957, à la suite de la mort de Christian Dior, le jeune Yves Saint Laurent âgé alors de 21 ans est amené à prendre la tête de la plus grande maison de haute couture française. Suite à cela, il fera la connaissance de Pierre Bergé avec qui il s'engagera à la fois professionnellement et intimement...

N'étant pas un grand fan de biopic que je trouve trop généralement trop formaté (sauf Control d'Anton Corbijn, un pur bijou), je n'attendais pas grand chose de ce Yves Saint Laurent qui, selon moi, allait encore ressembler à une sorte de Wikipédia imagé. Mais, le 20 Décembre dernier, à la suite de sa projection en avant-première en présence de Jalil Lespert et Pierre Niney, j'ai été très agréablement surpris et toutes mes craintes infondées se sont envolées.

Voir jouer Guillaume Gallienne et Pierre Niney est un pur plaisir. Ils sont tous les deux excellents dans leurs rôles respectifs, Pierre particulièrement. Il est vraiment rentré dans son personnage et on peut sentir tout le travail qu'il a fourni. Sa voix est extrêmement travaillée, elle est calme, posée et chaque mot est parfaitement articulé. On a alors à faire à un Yves Saint Laurent dans sa bulle remplie de génie créatif et à la fois à la personnalité fragile. Le couple qu'ils forment à l'écran est un distributeur d'émotion et c'est une véritable histoire passionnelle à base de trahison et d'amour fou qui se déroule devant nos yeux.

L'autre capacité appréciable du film est celle de nous en apprendre sur le parcours professionnel et artistique d'Yves Saint Laurent tout en ne tombant pas dans l'explicatif lambda. Voir l'idée de la robe Mondrian germer dans sa tête et l'organisation de ses défilés est tout simplement jouissif et très enrichissant. Ces derniers sont d'une rare beauté, toujours sublimés par la magnifique bande originale de Ibrahim Maalouf.

Concernant l'histoire en elle-même, elle est passionnante dans sa première partie et beaucoup moins aux 3/4 du film. Celle-ci commence sous les chapeaux de roues avec la montée en grade fulgurante du jeune YSL puis, passée l'apogée, est sur son déclin. Schéma somme toute assez classique de ce genre de film mais voulue par sa vraie vie. Mais le point vraiment gênant selon moi est le manque d'impact de ce déclin comparé à ses débuts brillants, surtout dans les scènes de prises de drogues et de débauche sexuelle qui m'ont assez lassé.

Avec Yves Saint Laurent, cette nouvelle année cinéma commence très bien. Jalil Lespert a fait preuve d'une grande maîtrise en évitant les erreurs communes à de nombreux autres biopics. Il offre également des rôles en or pour ses comédiens, on pensera surtout à Pierre Niney dont l'interprétation du génie de la mode est magistrale. On regrettera cependant une deuxième partie parasitée par quelques longueurs, notamment lors des scènes de "défonce". Néanmoins elles sont vite pardonnées puis oubliées grâce à la puissance de l'histoire d'amour passionnel contée et la performance impressionnante des acteurs.

Rédigé par Ronan SAUVAGE

Publié dans #Critique cinéma

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