Critique Cinéma - Fruitvale Station (Ryan Coogler)

Publié le 2 Février 2014

Crédits photo : © images tirées du film

Crédits photo : © images tirées du film

Pour son premier film, Ryan Coogler, réalisateur américain, décide de remettre en lumière un drame qui a secoué les Etats-Unis, celui de l'assassinat d'Oscar Grant. Ce tragique événement a été filmé en direct puis diffusé sur internet entrainant l'indignation de tous et quelques temps plus tard d'énormes émeutes dans la ville d'Oakland, là où Oscar était originaire. Avec notamment Michael B. Jordan (Chronicles, Friday Night Lights) dans le rôle titre et Octavie Spencer (oscarisée pour La couleur des sentiments), le film a remporté de nombreux prix à Cannes, Deauville et Sundance.

Critique Cinéma - Fruitvale Station (Ryan Coogler)

Le 1er Janvier 2009, Oscar Grant, jeune afro-américain de 22 ans est assassiné par un agent de police à la station de métro Fruitvale. Que s'est-il réellement passé ? Quels sont les événements qui l'ont mené jusqu'à son destin tragique ?

En faisant ce film, Ryan Coogler avait pour objectif de rendre l'humanité d'Oscar que les média avaient oublié après sa mort. En effet, on le présentait comme étant tout blanc ou tout noir, sans nuances, alors qu'il était comme chacun de nous, à la fois l'un comme l'autre, il était humain. Pour cela, le réalisateur nous raconte les vingt-quatre heures qui ont précédé son exécution. On suit donc ce jeune homme dans son quotidien difficile à cause de ses moyens financiers limités, sa situation professionnelle et de ses problèmes familiaux, mais néanmoins parsemé de moments de bonheur. Le propos du réalisateur, rétablir une certaine vérité, est louable mais c'est sa manière de procéder qui m'a dérangé. Pendant tout le film, on nous rappelle sans cesse qu'Oscar est en perpétuelle lutte contre ses vieux démons, frôlant parfois l'ennui tant le message est simple et assez vite intégré. Toutes les scènes, aussi variées soient-elles, nous ramènent toujours à ce propos-là, plongeant le tout dans la redondance. Si l'on ajoute à cela des flash-back mal insérés et des métaphores aussi subtiles qu'une vache dans un couloir, on obtient au final une grosse partie de film mal rythmée et sans véritables enjeux et le fait de savoir vers quoi Oscar se dirige n'arrange pas les choses.

Heureusement, la suite du film est plutôt bien amorcée grâce à une tension prenant de l'ampleur rapidement et contrastant bien avec les débuts laborieux. On abandonne le côté surfait et trop-gros-pour-être-vrai pour se diriger vers un réalisme saisissant où l'émotion, qui n'est pas forcée, prend enfin l'importance qu'elle aurait du avoir depuis le début. Cela permet aussi de réellement prendre conscience du talent des acteurs principaux qui sont tous justes. Car malgré une enveloppe assez quelconque, les performances, qui représentent le noyau dur du film, sont intéressantes et méritent d'être soulignées. Michael B. Jordan et Octavia Spencer sont parfaits, jamais dans la surenchère ou dans le pathos mais c'est véritablement Melonie Diaz qui surprend tout le monde dans son rôle de conjointe. En voyant toute l'émotion qu'elle arrivait à dégager, j'ai eu l'impression de la redécouvrir alors qu'elle avait déjà joué dans de nombreuses productions dont le merveilleux Soyez sympas, rembobinez de l'excellentissime Michel Gondry.

Petite déception donc que ce Fruitvale Station qui se retrouve n'être qu'au final qu'un énième film aseptisé sur un sujet brûlant alors qu'il aurait pu être bien plus que cela. Néanmoins, tout n'est pas à jeter à la vue des performances des acteurs. Ce n'est pas tant un mauvais film qu'un enchainement de mauvais choix.

Rédigé par Ronan SAUVAGE

Publié dans #Critique cinéma

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