Critique Cinéma - L'Amour est un crime parfait (Jean-Marie & Arnaud Larrieu)

Publié le 9 Février 2014

Crédits photo : © images tirées du film

Crédits photo : © images tirées du film

Pour leur quatrième collaboration avec Mathieu Amalric, les frères Jean-Marie et Arnaud Larrieu ont décidé de lui confier le rôle principal dans leur adapatation du roman Incidences de Philippe Djian, sorti en 2010, dont les thèmes principaux (le sexe, la nature) ainsi que la personnalité alambiqué du personnage principal leurs semblaient on ne peut plus intéressants. Le reste du casting se compose de Maïwenn, Karin Viard, Sara Forestier et Denis Podalydès de la Comédie Française.

Critique Cinéma - L'Amour est un crime parfait (Jean-Marie & Arnaud Larrieu)

Marc, professeur de littérature à l'université de Lausanne a une véritable passion pour les femmes et collectionne les aventures d'un soir, spécialement avec les jeunes et désirables étudiantes de son cours. A la suite de la disparition de Barbara, sa dernière aventure, il sera amené à rencontrer Anna, belle-mère de la disparue en quête de réponses, toute aussi désirable...

Attiré seulement par l'esthétique de son affiche et par la promesse d'un film français à ambiance glauque de qualité, je me décidais à tenter l'expérience moi qui, d'habitude, préfère attendre l'avis des critiques pour sauter le pas pour ce genre de production. Mais j'étais on ne peut plus enthousiaste de retrouver Mathieu Amalric, après avoir été subjugué par sa performance dans La Vénus à la fourrure de Roman Polanski et de le voir jouer à coté de la crème de l'acting féminin français, ici représentée par Karin Viard, Maïwenn et Sara Forestier (vue récemment dans Suzanne).

Tout le film baigne dans une ambiance très particulière où règnent en maître la tension sexuelle et les secrets. En un mot, on la qualifierait de pesante tant chaque élément mis en place, qu'il s'agisse du cadre où se passe l'histoire ou des personnages, a pour vocation d'ajouter encore un peu plus de pression. La neige blanche et vierge de toutes traces qui couvre les environs est un personnage à part entière. Elle isole les maisons, ne laissant tranquille que les tracés sinueux des routes de montagnes et gèle les âmes, poussant les personnages au plaisir charnel. Car oui dans ce film, le sexe est partout et sous toutes les formes. Il est parfois cru ou doux et parfois dérangeant et c'est par lui que passent quasiment toutes les interactions entre personnages. Le côté froid et sans âme de la neige se retrouve aussi dans le lieu de travail de Marc, l'université, qui possède une architecture très moderne, très épurée à la limite du vide.

Dans cet environnement oppressant vivent de multiples personnages tous plus différents les uns des autres mais tous habités par une étrange perversité. Ils semblent tous dotés d'une seconde personnalité, enfouie dans une couche de faux-semblants. On retrouve ainsi Karin Viard en sœur manipulatrice et très fusionnelle ou bien Sara Forestier en étudiante obsédée, vicieuse et capricieuse. Mathieu Amalric, joue ici un personnage extrêmement complexe aux multiples facettes allant du Don Juan par excellence à l'écrivain raté professeur malgré lui. Comme un mille-feuilles, on prendra énormément de plaisir à découvrir une par une toutes ces personnalités, de la plus évidente à la plus sombre. Enfin, Maïwenn campe un personnage tout en délicatesse et fragilité, ce qui est assez inhabituel en comparaison avec les personnalités pourrissantes citées précédemment. Bien-sûr, la théorie du mille-feuilles s'applique à tous, ce qui permettra d'aller tout au long du film de surprise en surprise concernant les comportements de chacun.

Si l'on devait reprocher quelque chose, ce serait une certaine platitude de l'intrigue au milieu du film. En effet, le peu d'indices, délivré au compte-goutte, ne nous permet pas de se laisser prendre au jeu du "Qui a tué Barbara? Et pourquoi?". On aura plus envie de s'attarder sur les profils psychologiques de chacun que sur la recherche du meurtrier en elle-même. Cela est sans doute dû au côté non conventionnel du film et n'est donc pas nécessairement un défaut pour tous.

Mon baptême Larrieu aura donc commencé avec un film assez atypique, hors des conventions du film policier à suspens, mais néanmoins doté d'une grande personnalité, majoritairement due à une ambiance glaciale en parfait accord avec les sommets enneigés de Suisse. Le jeu des acteurs, tous exemplaires, nous plonge un peu plus dans cette histoire pleine de secrets et nous permet de passer un très bon moment devant L'Amour est un crime parfait.

Rédigé par Ronan SAUVAGE

Publié dans #Critique cinéma

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