Critique Cinéma - Hippocrate (Thomas Lilti)

Publié le 13 Octobre 2014

Crédits photo : © images tirées du film

Crédits photo : © images tirées du film

Benjamin va devenir un grand médecin, il en est certain. Mais pour son premier stage d’interne dans le service de son père, rien ne se passe comme prévu. La pratique se révèle plus rude que la théorie. La responsabilité est écrasante, son père est aux abonnés absents et son co-interne, Abdel, est un médecin étranger plus expérimenté que lui. Benjamin va se confronter brutalement à ses limites, à ses peurs, celles de ses patients, des familles, des médecins, et du personnel. Son initiation commence.

Pour le commun des mortels, l'hôpital est un endroit on ne peut plus singulier. Suscitant une pléthore de sentiments contradictoires, de la peur à la fascination, et étant lui-même une conradiction par définition (lieu de mort mais aussi lieu de naissance), cet immense bloc tout de blanc vêtu et à l'odeur si particulière est encore difficile à cerner, surtout au cinéma. Mais c'était sans compter sur Thomas Lilti, cinéaste et médecin qui, à travers l'apprentissage de Benjamin le nouvel interne un peu gaffeur, nous introduit un peu plus dans ce milieu.

Cette introduction, le réalisateur la fait en douceur, abordant avec légèreté l'angoisse précédent l'euphorie de l'interne fraîchement débarqué grâce au comique de situation (qui ne s'est jamais perdu dans les tréfonds labyrinthiques d'un hôpital, loin de l'agitation des services ?) mais également au talent de Vincent Lacoste, ultra-connu depuis Les Beaux Gosses pour son délectable manque de sérieux.

Hélas, la réalité dans ce qu'elle a de plus dur n'est jamais très loin et revient nous frapper au plexus avec vélocité au moindre écart, qu'il s'agisse d'une aiguille mal plantée ou d'un ECG oublié. On assiste alors à un véritable tournant, aussi suprenant que brutal mais très ingénieux nous ramenant sur la route de l'apprentissage, le vrai, qui passe par les erreurs, le stress et la remise en cause de soi. Celui qui passe également par l'adversité, ici représentée par une lutte idéologique entre Benjamin, fils du chef de service, et Abdel, médecin étranger ayant déjà fait ses preuves, magnifiquement incarné par Reda Kateb. Mais malgré les crises, les grèves et autres tornades hospitalières, la réconciliation n'est pas non plus très loin, rassemblant même ceux que tout opposent autour de la plus juste des causes : soigner l'humain, qu'importe la rigidité protocolaire.

Les premières pas d'interne de Benjamin peuvent certes sembler "too much". Il n'empêche que, fort de son expérience de praticien, Thomas Lilti réussi le pari risqué mais louable de mettre en lumière le milieu hospitalier avec véracité, non sans humour, et sans jamais tomber dans l'austérité et la formalité d'un documentaire. Cette réussite, il la doit beaucoup à Vincent Lacoste, fidèle à lui-même tout en réussissant à émouvoir et surprendre, mais encore plus à Reda Kateb qui nous prouve encore et toujours qu'il mérite sa place dans les hautes strates du cinéma français.

Critique Cinéma - Hippocrate (Thomas Lilti)

HIPPOCRATE

3 septembre 2014 - 1h42

Comédie dramatique - France

De Thomas Lilti

Avec Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin, Marianne Denicourt...

Rédigé par Ronan SAUVAGE

Publié dans #Critique cinéma

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