Critique Cinéma - Ida (Paweł Pawlikowski)

Publié le 22 Février 2014

Crédits photo : © images tirées du film

Crédits photo : © images tirées du film

Paweł Pawlikowski est un réalisateur polonais qui fût, dans les années 70, exilé en Grande-Bretagne avec sa famille. Profondément marqué par le contexte historique de l'époque post Seconde Guerre et par les événements  qui l'ont conduit jusqu'en Angleterre, il inscrira toujours une part de sa vie personnelle dans ses films, comme dans Transit Palace où il raconte l'histoire d'un jeune russe débarquant en Grande-Bretagne. Après quatre films loin de son pays d'origine, Pawlikowski revient en Pologne où il décide de raconter l'histoire compliquée de cette nation durant la période post-occupation à travers celle d'une nonne juive.

Critique Cinéma - Ida (Paweł Pawlikowski)

Dans les années 60, dans une Pologne fraîchement sortie de l'occupation, une jeune nonne du nom de Ida s’apprête à faire ses vœux. Avant, elle prend contact avec le peu de famille qu'il lui reste, c'est-à-dire sa tante Wanda Gruz qui lui révélera un terrible secret planant sur sa famille depuis l'époque nazie...

Filmé en format carré et en noir et blanc, Ida peut sembler à première vue assez austère et déroutant mais c'était sans compter la beauté des plans proposés. Travailler en noir et blanc au jour d'aujourd'hui peut sembler risqué mais en étant bien utilisé, ce procédé permet d'installer une ambiance apaisante et pure, bien plus marquante que la couleur. Pour illustrer cette pensée, on pourrait notamment parler de La Liste de Schindler de Spielberg, de Control d'Anton Corbijn ou plus récemment du Chapitre 4 (Delirium) de Nymphomaniac qui se rapproche vraiment de cette volonté de pureté quasi-religieuse si bien montrée dans Ida. La plupart du temps, à l'aide de plans fixes et de longs travellings, Paweł Pawlikowski sublime ses décors naturels, rajoutant encore un peu de magnifique en plus du traitement. Personnellement, rarement un film ne m'aura autant marqué par son esthétique, dans sa forme la plus simpliste mais on ne peut plus marquante. J'ai été en permanence émerveillé par ces plans de forêts dénudées jouant sur le contraste des branches ou par ces plans larges d'une terre de campagne encore couverte de brume.

Mise à part l'esthétique léchée, le film brille également par ses deux personnages principaux : Ida et sa tante Wanda. Faisant partie d'une même famille, ces deux femmes n'en sont pas moins très différentes de caractère. Ida, orpheline élevée quasiment toute sa vie au sein d'un couvent est vierge de toutes expériences, qu'elles soient physiques ou non. Elle possède donc une pureté presque angélique qu'on ressent grandement en plongeant dans son regard d'une profondeur et d'un magnétisme exceptionnels. Au contraire, Wanda, ancienne juge, semble rongée par la vie et par les secrets de famille, préférant la boisson et la multiplicité des aventures sans lendemains à la foi presque inébranlable d'Ida. Ensemble, elles vont partir à la recherche de leur passé, rouvrant ainsi des blessures à peine cicatrisées. Au final, pour Ida, ce voyage initiatique l'amènera à se questionner, notamment sur son identité et sa foi.

De mon point de vue, Ida n'est pas le genre de film à mettre entre toutes les mains. Son format et sa tendance à la lente contemplation pourraient ne pas plaire à tous et même en rebuter certains qui n'y verront qu'une succession de longueurs. Mais au-delà de son côté contemplatif, le film livre une histoire peu conventionnelle très émouvante mettant en lumière une actrice à l'attraction folle : Agata Trzebuchowska.

Rédigé par Ronan SAUVAGE

Publié dans #Critique cinéma

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