Critique Cinéma - Jack et la mécanique du coeur (Stéphane Berla & Mathias Malzieu)

Publié le 20 Février 2014

Crédits photo : © images tirées du film

Crédits photo : © images tirées du film

On peut dire du français Mathias Malzieu qu'il est un artiste complet. En effet, cet homme, connu pour être le chanteur du groupe de rock Dionysos, est aussi un écrivain avec désormais six livres à son actif publiés chez Flammarion, et maintenant un cinéaste. On peut dire que son premier film Jack et la mécanique du coeur (co-réalisé par Stéphane Berla avec qui il avait déjà travaillé sur des clips) est issu d'un long processus de création qui est passé par toute forme d'art avant de devenir animation. A l'origine, l'histoire de Jack est celle de son troisième roman publié en 2007 qui connut la même année une retranscription musicale par son groupe Dionysos avec l'album La Mécanique du coeur. Dans celui-ci, les 18 chansons créent déjà un univers unique avec des personnages hauts en couleurs chantés/interprétés par Mathias Malzieu lui-même, Olivia Ruiz, Grand Corps Malade, Jean Rochefort, Arthur H, Alain Bashung, Emily Loizeau, Rossy de Palma et Babet qui reprendront (quasiment tous) leurs rôles 7 ans plus tard.

Critique Cinéma - Jack et la mécanique du coeur (Stéphane Berla & Mathias Malzieu)

Édimbourg, 1874, le jour le plus froid du monde. Sur les hauteurs de la ville, dans une drôle de maison habitée par Madeleine, une sage-femme un peu folle, naît Jack. Hélas, les températures glaciales ont gelé sont petit cœur qui sera remplacé par une horloge mécanique fragile. Pour que ce bric à brac tienne le coup, Jack devra respecter trois règles : ne pas toucher à ses aiguilles, maîtriser sa colère et surtout, ne jamais se laisser tomber amoureux. Mais c'était sans compter sur sa rencontre avec la belle Miss Acacia, une petite chanteuse myope qu'il suivra par amour jusqu'au bout de l'Europe...

C'est assez limité de sans cesse comparer chaque univers un peu tordu à du Tim Burton, mais Jack et la mécanique du cœur a définitivement quelque chose de Burtonien, au niveau graphique, d'une part, qui possède cette âme gothico-mélancolique (voir le personnage de Joe) mais surtout au niveau histoire et thématique. La quête amoureuse de Jack et sa différence physique ne sont pas sans rappeler un certain Edward aux mains d'argent. Mais la comparaison s'arrête là car, entre les petits rouages du cœur de Jack se cache une histoire singulière.

Cette aventure s'inscrit dans un contexte géographique réel avec des lieux existants comme Édimbourg capitale de l'Ecosse, Paris ainsi que l'Andalousie mais avec une immense touche de fantaisie qui se traduit par un design général torturé où les proportions normales sont modifiées. On ne s'étonnera donc pas de voir se courber l'architecture des villes aux teintes presque monochromatiques oscillant entre le le gris, le bleu marine et le marron orangé. Lors de son périple, Jack quittera l'austérité et le froid de sa ville natale pour se diriger vers des contrées plus chaudes où il verra son imaginaire se développer à coups de regards vers le ciel noir étoilé. Il croisera la route de personnages tout aussi déréglés que lui, plus ou moins bienveillants. Insistons bien sur le terme "déréglé" car il est vrai que le film fait la part belle aux exclus de la société que ce soit dans sa maison de départ ou dans le cirque de fin de voyage.

Sa famille est composée d'une sage-femme nommée Madeleine qui jouera le rôle de mère, plus bricoleuse que soignante, de deux sœurs espiègles Anna et Luna (dont une à la jambe de bois) à l'accent prononcé et d'Arthur, un homme à la colonne vertébrale métallique et courbée qui semble avoir porté le poids du monde sur son dos. Lors de son escale à Paris, il fera la connaissance du grand George Méliès (Jean Rochefort), ici jeune en pleine découverte du cinéma. Hélas, il croisera aussi la route de personnes malveillantes comme Jack l’Éventreur ou Joe, terreur de l'école et lui aussi fou amoureux de Miss Acacia. Si l'on devait reprocher quelque chose à cet univers ce serait une certaine rigidité dans l'animation et un rendu assez daté comparé aux autres productions en images de synthèse mais qui brille néanmoins par sa richesse.

La bande originale, composée sept ans auparavant s'intègre parfaitement au film grâce à des scènes aux allures de clip parfois émotionnellement fortes et permettent, en plus d'apporter du rythme à l'ensemble de l'oeuvre, de réellement donner une personnalité à chaque personnage, encore plus que leurs lignes de dialogue. Cela s'applique particulièrement à Joe, ennemi juré de Jack interprété par Grand Corps Malade dont le slam posé sur des sons mécaniques extériorise son côté sombre, cruel et imposant mais aussi sa permanente tristesse.

Dernier point à souligner, le thème principal du film, l'amour, est ici traité avec une grande maturité malgré l'age peu avancé de nos héros. Les facilités sont évitées avec un déroulement non linéaire paradoxalement aux lignes de train plusieurs fois empruntées. Cet amour, en forme de montagne russe, a même des côtés tragiques mais nous rappelle toujours que cette folle passion parfois destructrices ne peut être prévue ou réglée comme une horloge et vaut la peine d'être vécue pleinement malgré les risques.

Jack et la mécanique du cœur est donc une bonne surprise de ce début d'année et nous réconforte dans l'idée qu'après les succès des deux Moi, moche et méchant, l'animation française n'a pas dit son dernier mot et regorge de créativité. On pourra pester contre un graphisme légèrement daté et un rythme en montagne russe parfois laborieux mais on ne restera pas de marbre devant tout le reste tant on sent la passion transpirer par tous les pores.

Rédigé par Ronan SAUVAGE

Publié dans #Critique cinéma

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