Critique Cinéma - Fiston (Pascal Bourdiaux)

Publié le 18 Mars 2014

Crédits photo : © images tirées du film

Crédits photo : © images tirées du film

Pascal Bourdiaux, réalisateur de Le Mac avec José Garcia en 2010, reste dans la comédie pour Fiston, son second long-métrage avec en vedettes deux comiques représentant à eux seuls l'ancienne et la nouvelle génération d'humour français. D'un côté nous avons Franck Dubosc, l'éternel charmeur aux yeux bleus et aux cheveux grisonnants, et de l'autre côté, Kev Adams, jeune humoriste de 22 ans qui, après avoir lancé sa propre mini-série SODA (sur M6 puis W9) a eu l'année dernière son premier rôle au cinéma dans l'adaptation de la BD Les Profs de Pica et Erroc par Pierre-François Martin-Laval.

Critique Cinéma - Fiston (Pascal Bourdiaux)

Alex, un garçon solitaire, est éperdument amoureux de la belle Sandra Valenti depuis sa plus tendre enfance mais n'a jamais eu le courage de l'aborder. Un jour, quand sa mère lui annonce qu'ils vont bientôt quitter la ville d'Aix-en-Provence, il décide de passer à l'action en allant demander conseil à Antoine Chamoine qui, 20 ans plus tôt, avait été le seul à séduire la mère de Sandra.

Autant directement avouer, Fiston n'est pas une bonne comédie.

Tout d'abord ce qui gène le plus est le duo d'acteurs en tête d'affiche. En effet, préférant le one man show aux plateaux de tournage, Franck Dubsoc, aussi sympathique soit-il, nous fait ici du Franck Dubosc et peine à se faire oublier face à son personnage d'ancien Don Juan devenu vieux loup solitaire. De son côté, Kev Adams, un peu plus habitué à la caméra, paraît certes plus décontracté et à l'aise mais fait exactement les mêmes erreurs que son compère en jouant le rôle qui a fait son succès : celui de l'adolescent marginal avec son humour propre. Aucune surprise donc, on aura tout simplement la sensation d'être devant un épisode de SODA un peu plus long que d'habitude avec en guest un humoriste de l'ancienne génération. Malgré tout, on ne peut pas nier que le duo fonctionne plutôt bien et dégage quelque chose d'attendrissant par moment.

Les personnages secondaires, quant à eux, ne s'en sortent guère mieux et restent enfermés dans un tas de clichés. La mère d'Alex, interprétée par la regrettée Valérie Benguigui, est l'archétype de la mère célibataire sans autorité, amatrice d'herbe et très portée sur la sexualité de son fils. Cela aurait pu fonctionner (comme nous l'a prouvé Les Beaux Gosses de Riad Sattouf) si seulement ses répliques comiques n'étaient pas déjà vues et revues. Sandra et Monica Valenti, le couple de mère et fille (Nora Arnezeder et Héléna Noguerra) s'en sort honorablement mais n'arrive pas à marquer les esprits que ce soit au niveau de l'humour ou de l'émotion. Seule la belle Alice Isaaz sort du lot grâce à son personnage de jeune banquière.

On regrettera aussi un cruel manque de surprise général. Au niveau des situations comiques, elles jouent beaucoup trop sur la répétition et frôlent dangereusement la lassitude. Car non, voir Franck Dubosc sortir des "ta gueule" plusieurs fois de suite n'est pas hilarant. Au-delà d'un enchaînement de blagues potaches, Fiston joue sur la carte de l'émotion avec un fil conducteur traitant de la filiation et de l'absence de figure paternelle. Le tout, à défaut d'être très original, fonctionne mais n'est pas introduit très finement et échoue en voulant nous prendre au dépourvu. Enfin, certaines scènes face caméra brisant le quatrième mur nuisent à l'immersion dans le film tant elles sont mal intégrées contrairement à ce qu'on avait pu voir dans Le Loup de Wall Street.

Énième comédie sur la quête de l'amour et sur le fossé entre deux générations, Fiston ne fait pas mieux que ses prédécesseurs et se plante royalement (malgré quelques moments plaisants), la faute à des jeux d'acteurs paresseux, un recyclage des situations comiques les plus utilisées dans ce genre et une intrigue beaucoup trop prévisible. Il est vrai qu'on peut déceler une certaine alchimie entre les deux personnages principaux mais rien de plus, pas une once d'inventivité ou de renouveau. C'est d'autant plus dommage que Kev Adams est l'actuel représentant de la nouvelle scène comique en France. Que ceux qui s'attendaient à voir une comédie rafraîchissante passent leur chemin car seuls les fans de la série SODA seront comblés.

Rédigé par Ronan SAUVAGE

Publié dans #Critique cinéma

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