Critique Cinéma - Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées (Peter Jackson)

Publié le 16 Décembre 2014

Crédits photo : © images tirées du film

Atteignant enfin la Montagne Solitaire, Thorin et les Nains, aidés par Bilbon le Hobbit, ont réussi à récupérer leur royaume et leur trésor. Mais ils ont également réveillé le dragon Smaug qui déchaîne désormais sa colère sur les habitants de Lac-ville. A présent, les Nains, les Elfes, les Humains mais aussi les Wargs et les Orques menés par le Nécromancien, convoitent les richesses de la Montagne Solitaire. La bataille des cinq armées est imminente et Bilbon est le seul à pouvoir unir ses amis contre les puissances obscures de Sauron.

Après des centaines de kilomètres parcourus en Terre du Milieu à braver goblins, orques et autres wargs, le voyage inattendu de Bilbon Sacquet peu à peu transformé en quête initiatique arrive finalement à son terme. Dans un premier temps nommé Histoire d'un aller et retour, ce troisième film s'est vu changé d'appelation en cours de route pour devenir au grand dam de tous La Bataille des Cinq Armées. Moins fin et à la limite du spoiler, ce nouveau sous-titre n'en était pas moins l'annonciateur d'un final grandiose placé sous le signe de l'épique. Mais qu'en est-il réellement ?

Reprenant exactement là où La Désolation de Smaug s'était terminée, ce troisième volet ne perd pas son temps et plonge directement le spectateur dans l'action contrairement à ses prédecesseurs (y compris la trilogie du Seigneur des Anneaux) qui nous immergeaient toujours en douceur. Hélas, cette entrée en matière beaucoup trop précipitée et rapide vient illustrer un propos déjà questionné auparavant : le rythme. Etalant certaines scènes au possible dans les deux premiers volets, le rythme est ici beacuoup plus acceléré, trop. Tout cela dans le but de se concentrer sur la bataille finale. Mais en plus de créer un déséquilibre, le film clôt ses arcs narratifs précédemment développés d'une manière hâtive, ce qui est déplorable pour une trilogie de presque dix heures. Bilbon Sacquet, héros de cette nouvelle série de films, est ainsi relayé au second plan (voire au troisième) au profit de Thorin qui, ayant récupéré son précieux royaume d'Erebor, se retrouve dévoré par un étrange mal. Etoffant certes le personnage qui manquait cruellement de profondeur, cet événement trop brusque pour être pleinement crédible plombe encore plus la fluidité d'un récit déjà assez inégal.

Arrive alors le moment tant attendu depuis un an, l'affrontement supposé titanesque entre orques, wargs, elfes, nains et hommes avec à la clé la Montagne Solitaire, lieu hautement stratégique pour le contrôle de la Terre du Milieu. S'étalant sur presque une heure, la lutte sans merci ne se refuse rien et offre au spectateur son lot d'épique, partagé entre les grandes plaines au pied de la Montagne et les allées sinueuses du village de Dale. Mais la promesse n'est qu'à moitié tenue tant le tout manque d'audace. Car tout ce qui nous y est montré n'est qu'une succession de redites de la prestigieuse saga qu'était Le Seigneur des Anneaux dissimulées sous une couche épaisse d'effets spéciaux parfois de très bonne facture, parfois évoquateur d'une facticité accablante. Cette bataille n'a alors plus qu'un goût de cendres comparé aux saveurs exquises des batailles du Gouffre de Helm et des Champs du Pelennor ainsi que de l'escarmouche d'Osgiliath. On déplorera également la trop grande présence de Legolas (absent du récit d'origine) ici employé non pas pour un quelconque intérêt scénaristique mais seulement pour un fan-service qui n'avait pas lieu d'être.

A force de trop grands déséquilibres et de changements de ton incessants, Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées se saborde et n'offre finalement pas la conclusion en apothéose promise par Peter Jackson. C'est donc avec une pointe d'amertume et une profonde tristesse que le chapitre de la Terre du Milieu se referme à jamais. Néanmoins, s'il y avait un point positif à retenir de cet épisode, c'est celui qui nous conforte dans l'idée que la trilogie de l'Anneau jamais ne sera égalée, pas même par son réalisateur.