Le Sérievore - The Knick (Jack Amiel & Michael Begler)

Publié le 22 Décembre 2014

Le Sérievore - The Knick (Jack Amiel & Michael Begler)

Nouvel El dorado pour la créativité depuis une décénnie, le vaste monde des séries aux contrées encore inexplorées est en plein bouleversement à la suite de sa colonisation par les grands noms du cinéma. Citons par exemple Martin Scorsese avec Boardwalk Empire, Gus Van Sant avec Boss ou bien David Fincher avec House of Cards qui, en plus d'amener avec eux une audience conséquente du fait de leur notoriété, apportent également leur immense talent pour la réalisation. C'est aujourd'hui au tour du réalisateur palmé et oscarisé Steven Soderbergh, fort du succès de sa précédente expérience télévisuelle Ma Vie avec Liberace, de s'y plonger la tête la première avec l'entière réalisation de The Knick, le drame médical en dix épisodes créé par Jack Amiel et Michael Begler.

Mais ici, point de paillettes. Car à l'aube du XXème siècle, le monde moderne où les crises économiques, le racisme et les épidémies sont monnaie courante, nous semble paradoxalement bien archaïque. Impitoyable et parfois cruel, c'est pourtant au milieu de cette hostilité constante et croissante, dans un quartier modeste de New York, que se dresse l'hôpital Knickerbocker ("The Knick" pour ses habitués), sorte d'épave toujours à flot voguant au gré des courants et des rentrées d'argent. Au coeur de ce vaisseau fantôme, quelques âmes ont la lourde tâche de suturer les vivants dont le souffle vital diminue sans cesse, s'échappant par d'énormes plaies béantes ou sucé voracement par le plus vicieux des virus. Vêtues de blanc, armées de scalpels et de seringues, elles doivent mener leur délicate mission à bien avec le peu de connaissances et de moyens disponibles à une époque où la plus insignifiante des infections peut vous achever et où une simple césarienne finira quasiment à coup sûr en boucherie ultra-sanglante, fatale pour le nourrisson et son porteur. 

La profession bénie et enviée se transforme alors en malédiction, en maladie incurable qui ronge chaque pratiquant de l'intérieur les conduisant inéxorablement vers les limbes. Chacun trouve donc sa propre méthode, bien souvent discutable, pour combattre cette réalité accablante. Certains comme le nouveau chirurgien en chef estimé Dr John Thackery (interprété par un Clive Owen au charisme rare) enfouissent tout leur mal-être sous des doses massives de cocaÏne, utilisée alors comme anesthésiant, tandis que d'autres comme le Dr Algernon Edwards (la révélation Andre Holland), brillant mais victime de racisme, préfèreront les poings pour extérioriser leur rage. Mais alors, qui sauvera ces âmes en perdition ? Certainement pas les nonnes, infirmières, ambulanciers et directeurs, eux aussi touchés par d'étranges maux, n'hésitant pas à dilapider les caisses de l'établissement en putes, à dépouiller les cadavres et à remettre leur foi en question pour eux aussi faire face à cette étouffante réalité.

Eprouvante tant visuellement que psychologiquement, The Knick est l'un des événements sériesques les plus marquants de cette année. Prenant son temps dans ses premiers épisodes, la série, grâce à d'excellents comédiens, des musiques délicieusement anachroniques mais parfaitement en phase signées Cliff Martinez et une réalisation de haute volée, construit une ambiance glaciale mais toujours inspirée qu'il serait absolument dommage de rater.

Le Sérievore - The Knick (Jack Amiel & Michael Begler)

THE KNICK Saison 1

Drame, Médical - Etats-Unis

10 épisodes - 52 min

Créée par Jack Amiel & Michael Begler

Avec Clive Owen, Andre Holland, Eve Hewson, Juliet Rylance, Jeremy Bobb...

Rédigé par Ronan SAUVAGE

Publié dans #Le Sérievore

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article